LES TROUVAILLES DE

PIERRE BEAUSIRE

 
                                                                                                    

 

Complainte optimiste ! d’un « ancien »

 

 

A ceux d’avant 1940 : Nous sommes des rescapés !

 

Nous sommes nés avant la télévision, avant la pénicilline, avant les produits surgelés, les photocopies, le plastique, les verres de contacts, la vidéo et le magnétoscope, Internet et le téléphone portable.

 

Nous étions là avant les radars, les cartes de crédit, la bombe atomique, le rayon laser, avant le stylo à bille, avant le lave-vaisselle, les congélateurs, les couvertures chauffantes, avant la climatisation, avant les chemises sans repassage et avant l’homme qui marche sur la lune.

 

 Nous nous sommes mariés avant de vivre ensemble. La vie en communauté se passait au couvent. Le « fast-food » pour les Anglais était au menu de carême et un « big-mac » était un grand manteau de pluie. Il n’y avait pas de mari au foyer, pas de congé parental.

 

Nous datons de l’ère d’avant les HLM et d’avant les pampers. Nous n’avions jamais entendu parler de la modulation de fréquence, de cœur artificiel, de transplant, de machine à écrire électrique, ni de jeunes gens portant une boucle d’oreille à l’exception de quelques Appenzellois.

 

Pour nous, un ordinateur était quelqu’un qui conférait un ordre ecclésiastique, une puce était un parasite et une souris était de la nourriture pour chat. Les paraboles se trouvaient dans la Bible, pas sur les toits. Un site était un point de vue panoramique, un CDRom nous aurait fait penser à une boisson jamaïcaine, un joint empêchait un robinet de goutter, l’herbe était pour les vaches et une cassette servait à ranger les bijoux. Un téléphone cellulaire aurait été placé dans un pénitencier. Le rock était une matière géologique, un « gai » était quelqu’un qui fait rire, et « made in Taïwan » était de l’exotisme.

 

Mais nous sommes sans doute une bonne race robuste et vivace quand on songe à tous les changements qui ont bouleversé le monde et à tous les ajustements que nous avons su négocier. Pas étonnant que nous nous sentions parfois sûrs et fiers d’avoir su sauter le fossé entre nous et la génération d’aujourd’hui.

 

Grâce soit rendue à nos aïeux qui nous ont si bien conçus.