LE BILLET TRIMESTRIEL DE

MAURICE BAUDET

 
                                                                                                                          

 

 

Baisse de forme

 

 

A mon salut claironnant, un de mes chers amis de l’équipe des anciens, regagnant le vestiaire la mine déconfite,  me répondit l’autre jour par un : « pffff…, ça va mal, j’ai tiré comme un cochon … pas la forme …, j’arrête … » En bref il était victime de la classique baisse de forme, un syndrome qui atteint indistinctement les hommes comme les femmes, jeunes ou vieux, clampins et surdoués. La baisse de forme est un mal sournois, dont les origines peuvent être des plus diverses, physiques ou psychiques, et de plus elle peut fort bien survenir sans crier gare, au beau milieu d’un assaut. Quoi de plus démoralisant alors que de voir votre adversaire aligner les touches sans que vous puissiez réagir ? Cul de plomb, bras de coton et esprit vagabond s’allient pour vous faire tout rater, et c’est la déroute.

 

Quelles peuvent donc en être les causes ? Celles qui relèvent réellement d’une pathologie sont Dieu merci les moins fréquentes. Parmi les causes physiques les plus communes, je relève le repas (généralement d’affaires, il faut bien une excuse), un peu trop copieux et arrosé et pris malencontreusement quelques heures seulement avant l’assaut. Ce dernier vous servira à combattre les effets nocifs d’un laisser aller coupable, mais soyez réaliste, ne demandez pas à le gagner. Cela peut également être un excès d’exercice, et particulièrement la pratique déraisonnable de sports totalement incompatible avec l’escrime, comme le tennis ou le ski par exemple. Là encore, un peu de bon sens : vous ne voudriez pas avoir une main légère et précise juste après avoir entraîné votre revers lifté et votre service canon.

 

Mais vous reconnaîtrez aisément que neuf fois sur dix, la baisse de forme a des origines purement psychologiques, et nul besoin d’être un sportif de pointe pour connaître des problèmes de « mental ». Ce dernier, grâce au yoga, à la sophrologie, à la méthode Coué,  à son conseiller personnel ou à tout cela réuni, saura souvent lutter contre les baisse de tonus psychique ou de concentration. Pour le commun des mortels, juste après s’être pris de bec avec son chef de service et avoir de plus écopé d’une contredanse, c’est plus difficile.

 

Comme nous n’avons à notre service ni gourou, ni soigneur disposant de remèdes miracle, (et c’est fort bien ainsi), force nous est de supporter très philosophiquement nos baisses de régime, de nous avouer que le plus souvent nous en sommes nous-mêmes la seule cause, et enfin d’attendre que cela passe.

 

Parmi les anciens, nous pratiquons, lorsque se manifestent ces moments de mini déprime, une thérapie éprouvée : un brin d’autodérision, un peu de patience, une belle et bonne dose d’amitié, un petit coup de blanc entre copains, et cela repart.

 

 

MB