MINI REVUE DE LA
PRESSE (ESCRIME) Par Bruno Arrighi
En stage à Divonne,
l’équipe de France
a préparé le championnat du monde
(Le Gessien, 12 septembre
2003)
Pour la 6e année consécutive, l’équipe de France
d’escrime est venue à Divonne. Samedi, autour de
Laura Flessel, toute l’équipe était présente au forum
des associations.
Pour l’équipe de France d’escrime, présente
dans le Pays de Gex du 4 au 9 septembre, Divonne
représentait le 3e stage et l’antépénultième avant les championnats du monde
qui se dérouleront début octobre à Cuba. Mais ce passage par la cité thermale
représente un petit peu plus qu’un simple stage. Dans la bouche de Bernard Lataste, ou dans celle du fleuron de l’équipe, les propos
sont les mêmes: «On est comme chez nous». Et Laura Flessel
de poursuivre que «cela fait la 6e année que l’on
vient en stage. On est dans des conditions idéales ici. Et depuis 1998, cela
nous porte chance parce qu’à chaque fois, on revient avec des médailles...».
De l’or en vue
A Divonne, l’équipe de France d’escrime a
bénéficié des infrastructures sportives de la ville (le gymnase climatisé était
«quasiment une salle d’escrime en permanence», souligne l’entraîneur) et de ses
capacités touristiques (Thermes, Domaine). De quoi affirmer les ambitions de
l’équipe. «Le principal, c’est d’être opérationnels le jour J au moment T,
rappelle Laura Flessel. Je me prépare pour ça. Les
sportifs qui participent aux championnats du monde partent pour une médaille.
On est présent en individuel et en équipe. Personnellement, je vise deux
médailles d’or».
Ces stages annuels sont rendus possibles grâce à une convention qui lie
la Fédération française d’escrime (FFE) à la ville. Elle se traduit par des
démonstrations, comme celle présentée par l’équipe samedi sur le forum des
associations. L’équipe est au complet et se prête volontiers au jeu des
signatures, à de l’exhibition ou arbitre encore
des matchs entre jeunes escrimeurs.
Bernard Lataste voit dans ces animations le moyen
d’attirer quelques nouveaux adhérents au sein de la fédération. Quant à Laura Flessel, la plus médiatique des escrimeuses françaises,
elle prend cela comme une mission: «cela fait 25 ans que je pratique l’escrime.
Je suis contente d’être populaire parce que cela veut dire que j’ai réussi
quelque chose, que j’ai partagé une certaine joie avec le public. De ça, je
suis très fière. En même temps, c’est dur parce que les gens attendent toujours
de toi que tu gagnes. Tu ne peux pas commettre d’erreur. (...) Mes aînés ont
permis la promotion de l’escrime. Il y a eu un relais. Si je peux à mon tour
susciter de l’intérêt pour ce sport, alors je serais heureuse. Le propre d’un
champion, c’est de véhiculer une image».
B.D.
DAPHNÉ CRAMER,
LA TOUCHE QUI PEUT FAIRE MOUCHE
(La Tribune de Genève, mercredi 1er octobre 2003)
L’épéiste genevoise s’est
envolée
pour Cuba et les championnats du monde
La détermination n’est pas la moindre de ses
qualités. Daphné Cramer ne s’embarrasse pas de feinte superflue. Elle va droit
au but. A l’épate, elle préfère l’estoc. «Je suis une fille très extravertie»,
sourit-elle en sirotant son café. C’est sur la piste, arme au poing, que son
tempérament s’exprime le mieux. Mais pas encore assez à son goût. «L’épée
moderne est devenue terriblement explosive. J’ai de l’allonge et une bonne main
mais je dois encore progresser physiquement pour bien tenir l’échange, résister
à la vivacité des passes», dit-elle. La Genevoise ne manque pas de lucidité non
plus.
Hier, Daphné Cramer s’est envolée pour Cuba et les championnats du
monde (6-12 octobre). Le monde des grandes, qu’elle commence à découvrir. Un
univers à la fois enchanteur et impitoyable.
A 19 ans, maturité en poche, la fille du président de la Société
d’escrime de Genève sait où elle met les pieds. Depuis le début de l’année,
elle a intégré le cercle fermé de l’équipe nationale aux côtés de Gianna Bürki, sa divine chipie,
et de Sophie Lamon, l’héroïne de Sydney, une copine
qui lui montre la voie. Engagée d’abord à l’essai, puis pour de vrai après deux
bons résultats en Coupe du monde. C’est là, plus que son
titre national seniors, remporté l’an dernier, une formidable
consécration. La reconnaissance d’un talent qui ne cesse de mûrir.
Sixième des derniers championnats du monde juniors, la Genevoise gagne en assurance. «Je sais ce que je vaux, ce que je veux
et le chemin qu’il me reste à parcourir pour atteindre mes objectifs»,
confie-t-elle. Ce n’est pas de l’esbroufe. Daphné Cramer dit les choses avec
franchise. «Avant, j’étais trop impulsive. Je me disais: «Allez, tu es forte».
J’étais persuadée de gagner. Alors, forcément, les défaites étaient plus dures
à avaler. Maintenant, je suis plus réaliste, j’ai pris conscience de mes
capacités».
Au Bout-du-Monde, l’élève de Jean-Marc Cagnet a pris l’habitude de croiser le fer avec les cadets
du club. Daphné et les garçons! «C’est dur, contre eux, il faut que je me fasse
respecter, que je montre que je tiens la route». L’escrime est un combat
permanent. La Genevoise s’y livre corps et âme, à l’entraînement comme en
compétition. Pareil pour gagner sa place en équipe nationale. «Les filles m’ont
bien accueillie. Seulement, elles sont exigeantes. Je n’avais pas le droit à
l’erreur...».
Un rôle de médiatrice
Situation piquante: Daphné Cramer a réussi son intégration dans une
équipe réputée - vice-championne du monde et olympique - mais en pleine
scission. Car sous le masque des convenances, les regards sont noirs et les
inimités tenaces. «A mon arrivée, certaines ne s’adressaient plus la parole»,
regrette la nouvelle venue que ce climat nocif dérange. «Je suis peut-être
extravertie mais je suis aussi très émotive. J’ai essayé de dégeler la
situation en apportant mon humeur, mes encouragements. Il faut renouer le
contact, rétablir la moindre des politesses. Oui, j’espère être une
rassembleuse».
Daphné Cramer, qui se destine à des études en relations
internationales, aurait-elle été engagée pour jouer un rôle de médiatrice?
«C’est vrai que pour l’instant, j’ai fait plus du social que de l’escrime»,
plaisanta-t-elle. Puis, très sérieuse, la numéro 4 helvétique ajoute: «Si on veut
aller aux Jeux l’an prochain à Athènes, il faut que l’on se serre les coudes.
C’est d’autant plus impératif que le mode de sélection est devenu encore plus
drastique. A Cuba, les quatre premières nations seront automatiquement
qualifiées. En Europe, seuls deux autres places seront
encore mises en jeu!
«A Athènes, on aura l’or»
Les Jeux olympiques, la Genevoise en rêve depuis longtemps. Il y a
trois ans, à Sydney, alors simple spectatrice, elle s’était jetée dans les bras
de Sophie Lamon, couronnée vice-championne olympique
à 16 ans. Une embrassade en forme de serment. «Je lui ai chuchoté: «A Athènes,
on aura de l’or». Complices, les deux jeunes filles partagent leurs secrets et
épousent une carrière similaire. Encore que la Valaisanne, plus précoce physiquement,
ait pris une longueur d’avance. «Je n’ai jamais été envieuse. Quant on a la
volonté de réussir, on arrive. A un moment ou à un autre... L’expérience de
Sophie m’a été profitable. Grâce à elle, je suis devenue plus forte».
Pascal Bornand
«JE FAIS LE TOUR DU MONDE DEUX FOIS PAR AN»
(Coopération, le magazine hebdomadaire de Coop,
No 40 - 1er octobre 2003)
A l’aube des «mondiaux» d’escrime à Cuba (4 - 11 octobre), Sophie Lamon est déterminée. La jeune Valaisanne espère frapper un
grand coup et gagner un ticket pour les JO 2004. En garde!
(Propos recueillis par Didier Walzer)
Coopération. Vos objectifs aux Championnats du monde d’escrime à La
Havane?
Sophie Lamon. Ma saison 2003 est placée sous
le signe de la progression individuelle, notamment avec trois podiums en Coupe
du monde, une performance que je n’avais jamais réalisée jusqu’à présent. Je
sens que j’ai franchi un palier. Par conséquent, une place dans les seize
premières à La Havane me semble à ma portée (ndlr: la
compétition individuelle est agendée au 7 octobre).
Comment vous êtes-vous préparée pour l’échéance cubaine?
Au retour de ma dernière compétition - en Australie - en juillet, j’ai
effectué deux semaines de préparation physique en laissant mon épée de côté.
Ensuite, je suis allée à Macolin où j’ai repris
l’escrime à fond deux semaines durant. Je suis retournée chez moi où j’ai mêlé
des entraînements d’escrime et de condition physique avant d’achever ma
préparation à Macolin en pratiquant l’escrime à haute
dose tout en consacrant deux séances hebdomadaires à la condition physique et à
la musculation.
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Estimez-vous que la Suisse encourage suffisamment ses sportifs de
pointe, par exemple au niveau des infrastructures mises à leur disposition?
A propos de Macolin, on ne peut guère
imaginer mieux. Les conditions d’entraînement sont exceptionnelles. Nous sommes
en outre nourris et logés.
Concernant l’équipe féminine d’escrime, chacune des filles vient d’un
coin différent du pays et s’entraîne dans son propre club en essayant de faire
au mieux avec les moyens à disposition. Personnellement, j’ai toujours réussi à
m’en sortir avec ce que j’avais chez moi. De toute façon, comme je ne suis pas
professionnelle, je ne peux pas prétendre aux mêmes structures qu’une pro.
Justement, envisagez-vous de devenir une professionnelle de l’escrime?
Non. Cependant, en 2004, une fois ma maturité en poche, j’envisage de
m’exiler à Paris pour bénéficier de conditions d’entraînement optimales et de
me consacrer essentiellement à l’escrime pour une durée de deux à quatre ans.
Parallèlement, j’entamerai des études.
Vous effectuez actuellement une maturité économique. Bénéficiez-vous
d’un aménagement de votre programme scolaire?
Oui, j’assiste uniquement aux cours des branches qui seront sanctionnées
par un examen. Pour les autres cours, j’apprends sous d’autres formes.
Lorsqu’on vit dans un pays de bien-être comme la Suisse, est-il facile
pour un athlète de haut niveau de se «faire mal» pour réussir sa carrière?
Il est clair que je n’ai pas besoin de faire du sport pour vivre et
heureusement d’ailleurs. Nous avons, en Suisse, un certain confort qui fait
partie de ma vie et que je ne renie pas. Quant au fait de se «faire mal», je
pense que cela dépend essentiellement du caractère de chacun et de savoir
jusqu’où on veut aller, jusqu’où on est capable d’aller et pas tellement de
l’environnement.
Personnellement, jusqu’où êtes-vous capable d’aller?
J’ai des objectifs et mon tempérament est d’aller toujours plus loin et
de ne pas me reposer sur le confort évoqué. Je suis prête à me «faire mal». Et
mon prochain départ pour Paris en est une rupture, un changement de vie. Mais
j’ai envie de tenter cette expérience.
Avez-vous déjà subi des contrôles antidopage?
Très régulièrement. Après chaque podium en compétition, mais aussi par Swiss Olympic Association qui
effectue des contrôles inopinés lors des stages d’entraînement. Cependant,
j’estime que, comparativement à d’autres disciplines, l’escrime est
relativement épargnée par le dopage.
Que faudrait-il faire pour intéresser davantage Monsieur Tout-le-Monde à ce sport?
En parler plus dans les médias. Cela se produit à l’occasion de joutes
comme les Jeux olympiques ou les Championnats du monde. Mais il est vrai que
les combats ne sont pas faciles à retransmettre à la télévision, car les
mouvements sont rapides et l’on ne distingue pas toujours bien l’épée. Le
téléspectateur peu connaisseur éprouve donc des difficultés à visualiser le
tout et à comprendre. Toutefois, des efforts techniques ont été accomplis au
niveau des retransmissions. C’est un point positif.
Quelle est la portée financière de ce sport?
Elle est quasi inexistante. Comme c’est une discipline non
professionnelle, on ne gagne pas d’argent. Un titre de championne du monde ne
rapporte pas un sou vaillant, excepté, peut-être, la prime remise au pays pour
une telle performance. Mais le montant reste symbolique.
Cela vous dérange-t-il?
Pas du tout. Au contraire, cela me protège.
Vous sentez-vous à l’aise dans le monde de l’escrime?
Très! C’est vraiment mon élément, car j’y baigne depuis toujours.
C’est dans l’escrime que je me retrouve.
Comment une jeune femme comme vous est-elle perçue dans ce domaine?
Je pense que j’ai donné une image de moi assez positive aux Jeux
olympiques de Sydney, voici trois ans. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les
ponts. J’ai évolué. J’ai changé. Et les gens ont pu découvrir d’autres facettes
de ma personnalité et apprendre à mieux me connaître.
Vous sentez-vous plutôt valaisanne ou suisse?
Je n’ai pas trop la fibre patriotique. Que ce soit pour le Valais ou la
Suisse. En revanche, je me sens extrêmement bien en Valais. Je fais le tour du
monde deux fois par an et lorsque je peux me «poser» chez moi, c’est vraiment
très agréable. Le Valais est beau, calme. J’y ai de l’air, de l’herbe, des
montagnes et il y fait souvent beau. Le Valais est vraiment mon port d’attache.
Que pensez-vous de la Suisse?
Je m’y plais, car c’est le pays que j’habite. Nous sommes très
privilégiés au niveau de la qualité de vie. Les langues nationales ne sont pas
un problème pour moi parce que j’évolue dans un milieu où elles convergent
toutes.
Maîtrisez-vous le dialecte suisse allemand?
Je le comprends un peu, mais notre entraîneur national est originaire
d’Allemagne, et en sa compagnie j’ai appris
le «bon» allemand. Je lui en sais gré.
Votre opinion sur le monde d’aujourd’hui?
Avec les moyens de communication actuels, on est très sensibilisés à ce
qui s’y passe même si l’on ne peut pas se sentir impliqué comme les gens qui
sont au front. Mais on ne peut pas fermer les yeux sur certaines réalités.
SPORTIVE DANS L’ÂME
La Sédunoise Sophie Lamon
est née le 8 février l985. Et, à 18 ans seulement, elle a déjà une belle
expérience de vie. C’est aux Jeux olympiques de Sydney, en 2000, que notre pays
est tombé sous le charme de cette jeune femme volontaire qui remportait alors
la médaille d’argent, avec la Suisse, dans l’épreuve d’escrime par équipes.
La Valaisanne apprécie tous les sports (athlétisme, natation, tennis,
snow-board, etc.), ainsi que la musique. «Elle est une fidèle compagne de
voyage». En juin 2004, Sophie Lamon passera ses
examens de maturité avant de s’inscrire à l’université. Certainement en France.
dw
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LES ÉPÉISTES SUISSES MISENT SUR FISCHER
(Tribune de Genève, jeudi 2 octobre 2003)
Le Biennois sera l’atout
no 1 aux Mondiaux de La Havane.
L’heure de vérité a sonné pour les épéistes suisses, engagés du 5 au 11
octobre aux Championnats du monde de La Havane. Une année après l’échec des
Mondiaux de Lisbonne, une nouvelle contre-performance pourrait mettre en péril
leur participation aux Jeux olympiques d’Athènes, en 2004.
Au Portugal, la Suisse avait enregistré le plus mauvais résultat au
plan individuel dans une compétition internationale depuis la nomination de
l’entraîneur Rolf Kalich en 1992. La seizième place
de Michael Kauter avait été accueillie au son d’un
fado par un pays qui avait collectionné les honneurs depuis trois ans.
Les épéistes suisses avaient, ainsi, brillé aux Mondiaux de Nîmes
(2001) avec les médailles d’argent de Basil Hoffmann
et de l’équipe féminine ainsi que celle de bronze de Gianna
Hablützel-Bürki. Une moisson exceptionnelle récoltée
après les titres de vice-champions olympiques de Sydney (2000) conquis par
l’équipe féminine et Hablützel-Bürki.
Absent à Lisbonne en raison d’examens, Marcel Fischer constituera
l’atout no 1 de l’équipe masculine à La Havane. No 3 mondial, l’étudiant en
médecine n’a été devancé que par l’Autrichien Christoph Marik
au classement de la Coupe du monde cette saison. Il a enlevé les tournois de
Bratislava et d’Innsbruck et comptabilisé quatre deuxièmes et deux troisièmes
places. «J’espère ramener une médaille», affirme le quatrième des JO de Sydney,
qui n’est pas le seul Biennois à avoir brillé en
Coupe du monde.
Hoffmann (no 28) a en effet confirmé sa surprenante médaille de Nîmes
en fêtant son premier succès à Tallinn, en janvier. Avec une équipe qui
comprendra encore Benjamin Steffen (no 34) - médaillé
d’argent aux Universiades de Daegu (CdS) - et Kauter (no 31), les
Suisses n’avaient jamais présenté un quatuor aussi homogène sous l’ère Kalich.
Le souvenir de Sophie
La Havane demeure un excellent souvenir pour Sophie Lamon.
La Valaisanne avait bien failli remporter à Cuba sa première victoire en Coupe
du monde en juin dernier (2e). Numéro 10 mondiale,
elle a obtenu par ailleurs deux troisièmes places cette année (Tunis et
Zurich), tout comme Hablützel-Bürki (Göteborg et Welkenraedt).
La Bâloise (no 21) s’est pourtant plus illustrée en coulisse que sur
les pistes cette saison en claquant la porte de l’équipe au printemps. Opérée
d’une dent de sagesse, victime d’une bronchite, elle a pris du retard dans sa
préparation. Elle est désormais dirigée par l’entraîneur cubain Carlos Alberto Pedroso, ancien champion du monde par équipes et médaillé
de bronze aux Mondiaux de La Chaux-de-Fonds (1998).
SI