Résumé

du rapport de Gabriel Nigon,

chef de délégation,

sur les JO 2000 de Sydney

  

Performances techniques et résultats en individuel

 Marcel Fischer, 4ème, a réalisé un exploit. Après avoir évincé le champion de Heidenheim, le champion du Monde en titre et le plus fort des Chinois, tout cela en élimination directe, il continua sur sa lancée sans jamais s’écarter de son concept. Malheureusement une pause trop longue entre le quart de finale et la demi-finale lui fit perdre ses moyens. Il n’était plus dans son rythme et la concentration relâchait, si bien qu’il fut une proie facile pour le Français Obry. Ce dernier, voyant que Fischer luttait et prenait à nouveau des risques pour remonter son score,  profita de la situation pour se laisser tomber trois fois de suite sans raison, ce qui valut à Fischer un avertissement et deux points de pénalité non mérités. Tout ceci se joua dans la dernière phase de la demi-finale. Marcel Fischer, à bout de force, perdit cette demi-finale pour un seul petit point, ce qui le priva de la médaille de bronze jusque-là à portée de main. La déception fut grande, mais Fischer resta digne et ne chercha pas à rejeter la faute sur l’arbitre. D’ailleurs, tout au long des assauts, Marcel Fischer s’est comporté en vrai sportif et n’a pas hésité à annuller de lui-même trois touches mises contre le champion du Monde dans un assaut qu’il a fini par gagner. Compliments à Marcel pour son excellente performance et son comportement exemplaire.

 Sophie Lamon, 15ème, entièrement concentrée sur son travail, a gagné haut la main son premier assaut contre une Colombienne dangereuse. Au deuxième assaut, il était temps pour Sophie de prendre sa revanche sur une Italienne qui occupe le troisième rang au classement de Coupe du Monde et qui avait battu Sophie au précédent tournoi de sélection pour les JO. Et elle a gagné son pari. Au tour suivant, Sophie Lamon perdit ses moyens face à la Russe Logounova (4è aux derniers JO) et elle se jeta pratiquement dans la gueule du lion par une suite de maladresses. Sa 15è place est remarquable, quand on pense qu’elle était la plus jeune épéiste des JO (15 ans 1/2). De plus, ce résultat rajouta des points à l’équipe suisse, ce qui joua un rôle décisif pour la sélection de l’équipe dans les jours suivants.

 Diana Romagnoli, 9ème, est par définition une “défensive”. Par malheur pour elle, ses adversaires avaient eu tout le loisir d’analyser sa tactique lors des championnats du Monde à Séoul, lorsque Diana avait décroché la médaille d’argent en individuel, et elles ne se privèrent pas d’appliquer cette fois la même méthode que Diana, afin de l’obliger à attaquer pour lui faire perdre ses moyens.

 Gianna Hablützel-Bürki, 2ème, eut - tout comme Fischer - un chemin très difficile jusqu’en demi-finale. Elle offrit une belle escrime avec un équilibre idéal entre offensive et défensive, toujours à l’affût de la moindre erreur de son adversaire pour en tirer parti, et c’est ainsi qu’elle triompha de la Cubaine (Zuleidis Ortiz) après un retard de 4:0. Elle triompha également de la Russe Logounova en demi-finale. En finale, Hablützel peut-être trop sûre d’elle avec une avance de 6:3 finit par perdre l’assaut. Mais Gianna Hablützel-Bürki a néanmoins gagné pour elle et pour l’escrime suisse une médaille d’argent qui vaut de l’or. Ce jour-là, elle aurait même pu aller un peu plus loin encore.

Equipe dames, 2ème: Gianna Hablützel-Bürki, Diana Romagnoli, Sophie Lamon

Parmi les huit équipes nationales qualifiées pour les JO, la Suisse était à égalité avec la France au troisième rang après avoir comptabilisé les points de la compétition individuelle. Après avoir évincé l’équipe cubaine, les Suisses eurent à affronter la Chine en demi-finale. Par bonheur les Chinoises ne connaissent pas très bien les Suisses qui pratiquent différents styles d’escrime et elles eurent à “se casser les dents” face à Diana Romagnoli qui fit preuve d’une terrible obstination et d’un grand sang-froid. Malheureusement, comme pour Marcel Fischer, les dames ne réussirent pas à porter jusqu’au bout leur combativité.

Encadrement et environnement

Rolf Kalich était responsable de la préparation sportive et de l’encadrement en bord de piste. Il apporta toute la concentration nécessaire et suivit son concept jusqu’au bout. En ce qui me concerne (G. Nigon), j’étais chargé de la direction de la délégation, mais j’ai assumé aussi la fonction d’assistant dans le coaching. Nous étions trop peu nombreux pour l’encadrement, mais un parfait partenariat entre Kalich et moi-même a comblé les déficits. L’encadrement médical, assuré par le Dr. Walter Frey et par le physiothérapeute Daniel Trottmann, fut optimal.

En ce qui concerne l’habillement de la délégation, l’équipement sportif qui devait être fourni par un sponsor et les survêtements, il y a vraiment des progrès à faire. L’uniforme olympique ressemblait plus à un uniforme de caserne qu’à un habit qui est sensé représenter avec fierté notre nation devant le monde entier. On se serait cru au temps du film en noir et blanc et les remarques moqueuses n’ont pas manqué de la part des autres nations et de la presse. Quand au survêtement, ce n’était guère mieux: Ce serait-on égarés dans le camp des Cubains ou des pays de l’Est? Le look le laissait supposer. Nous devrions montrer sans équivoque notre pays d’origine qui est la Suisse. Le survêtement rouge avec une croix blanche dans le dos et l’inscription “Swiss” est au moins un repère pour chacun.

En ce qui concerne le voyage, l’herbergement, les repas et les loisirs, y compris les moyens de communication mis à disposition, tout était vraiment de satisfaisant à très satisfaisant. L’organisation des vols a été critiquée à plusieurs reprises par différentes personnes. Je pense en revanche qu’il n’est pas grave d’arriver épuisé le matin (plutôt que le soir) après une trentaine d’heures de vol, car il est important que le corps s’habitue tout de suite au rythme horaire local qui est l’inverse de chez nous, et pendant la journée c’est plus facile de surmonter la fatigue pour pouvoir ensuite dormir la nuit.

Les athlètes n’échapèrent pas à quelles tâches de routine à effectuer avant les compétitions (vérification des armes, paperasse, déplacements en bus), car il n’y a pas de raison de leur faire cadeau de ces travaux, sinon on risque de mettre les athlètes dans un état de léthargie qui affaiblit leur mental. En revanche, après les compétitions, les loisirs ne manquaient pas de choix: Surf, beachvolley, visite d’autres sports, seafood à gogo, rencontres avec des athlètes d’autres nations, shopping, etc.

Une devise était valable pour tout le monde: Pendant toute la durée des Jeux, aucune différence ne sera faite entre les lauréats de médailles et les autres athlètes. De même pour le retour, aucune faveur supplémentaire ne sera accordée aux médaillés. Nous rentrerons tous ensemble en partageant la même classe dans l’avion, car nous sommes une seule délégation.

Conclusion

Les JO de Sydney furent des Jeux phantastiques. De plus, nous avons dépassé toute espérance avec deux médailles d’argent et une 4ème place. Les choses peuvent vite changer, c’est pourquoi il faut garder les pieds sur terre et ne jamais oublier cette phrase:

It’s only a game: Sometimes you win, sometimes you lose”.

Je tiens à remercier toute l’équipe de Swiss Olympic qui a aidé avec professionalisme à se préparer aux JO, ainsi que les entraîneurs des clubs et les membres du Comité Central de la FSE qui ont contribué par leur travail et leur soutien à ce que nous réalisions le rêve olympique.