Une famille très, très sympathique 

 

 

Connaissez-vous Réclère ?

  Cent nonante et un habitants, ses grottes, son préhisto-parc, sa future ex-poste et… et… rien d’autre. Si, peut-être quelques escrimeurs. Mais quand nous vous disons rien, c’est RIEN. Pas de bruit, quelques glapissements de renards, aucun commerce. La boulangerie, c’est une camionnette qui passe tous les matins. La boucherie, c’est une autre camionnette qui passe trois fois par semaine.

Un autre « Bout-du-Monde » où nous nous sommes intégrés avec bonheur !

Philippe est devenu le Docteur, (un docteur débordé) et moi, la Marianne.

  A notre arrivée, nous avons suscité la curiosité :« Qu’est-ce que des Genevois viennent chercher ici ? »

Notre jardin et l’école aidant, nous avons rapidement fait la connaissance des gens alentour.

Le jardin d’abord, une vraie jungle. Lassés de manier la tronçonneuse et ne sachant que faire des montagnes de branchages débités, le Jacques, figure incontournable du village, est venu accompagné de son cousin (il sont tous cousins), le Petit Louis, éleveur de chevaux Franche-Montagnes, défricher, tronçonner, désoucher, débroussailler et nous débarrasser de sept chars-à-pont de végétaux divers. Tout cela, avec les gens du village qui venaient s’enquérir de l’avancement des travaux, ça crée des liens !

  Puis il y a eu l’école. Regroupement de six villages pour qu’il y ait suffisamment d’enfants dans chaque degré. Avec une école d'une ou deux classes par village. Les enfants, tristes d’avoir quitté leurs copains de Choulex, se sont rapidement fait de nouvelles connaissances un peu partout. Tout partout, comme ils disent ici ! Un procès plus tard, s’en est fini de cette école-là, aux méthodes rudes et inefficaces. Depuis novembre 2000, nos trois enfants ont trouvé leur bonheur dans les écoles de Porrentruy et nous la sérénité ! Mais les copains sont restés.

  Nous nous sommes familiarisés avec les coutumes locales. La Saint-Martin, vous connaissez ?

En novembre, le deuxième week-end après la Toussaint, on tue le cochon et on le mange à l’occasion de repas pantagruéliques. Cela dure trois jours, et la semaine suivante, on remet ça, C’est le « revira ». Les tables se réservent d’année en année. Au menu, gelée, attriaux, saucisses à rôtir, rôti, choucroute garnie, boudin et j’en oublie peut-être, le tout suivi des schrifflates et du toetché. On n’a pas encore trouvé le courage d’y aller. Et la damassine, en avez-vous déjà entendu parler ?

Quant à l’escrime, nous sommes restés orphelins de salle d’armes durant trois mois. Difficile !

Puis ce fut la quête. D’abord visite à la salle la plus proche, Sochaux. C’est la section escrime du FC Sochaux. Mais nous avons définitivement trouvé ce lieu près du Stade Bonal bien trop sinistre.

Deuxième tentative, sans grande motivation, à Bâle.

  Le 17 octobre 1997, nous partons en expédition à La Chaux-de-Fonds. L’accueil chaleureux de Maître Houguenade et les locaux nous ont fait devenir sociétaires de la SECH.

C’est une salle avec beaucoup d’enfants. A notre arrivée, il y avait peu d’adultes. Patrice Gaille, alors président, a rassemblé ses troupes, et maintenant un bon groupe se retrouve le mercredi soir. Comme à Genève, désastre, aucun fleurettiste à l’horizon. Il y a quelques semaines, un Allemand égaré à La Chaux-de-Fonds, était l’exception qui confirme la règle, mais il est déjà reparti !

  Il y a quelques rituels dans ce club :

- La Coupe Toubib.

- La Coupe Borle.

- Le Tournoi de fin d’année, où , en 97, le vainqueur a été tiré au sort.

- La Coupe de la Rentrée, dont le trophée est la boule de la rampe d’escalier volée dans l’immeuble où se trouvait l’ancienne salle.

- Le lancer de Sugus à la fin des compétitions internes.

Plus traditionnels, les cours d’arbitrage et de réparation.

  Mais surtout, il y a Maître Houguenade. Venu de son Paris natal à La Chaux-de-Fonds il y a 18 ans. Doté d’une imagination débordante, toujours avec une idée d’avance, excellent pédagogue, il motive très bien son monde dans une atmosphère conviviale.

Chaque mercredi, il nous concocte un échauffement d’enfer, suivi d’une formule de poule bien à lui et toujours renouvelée. Puis la leçon et souvent de la théorie, parade en cédant par exemple, et nous rentrons fourbus à la maison. Merci Maître !

 Nous avons également eu le plaisir de revoir Michel Ruchonnet, très pris par son club de vol à voile et son activité professionnelle, il se fait rare.

  Nous avions notre journal, plus modeste que son homologue genevois : la Botte Secrète. Hélas en panne depuis six mois. IL était tenu à bout de bras par sa « rédenchef », maman de deux escrimeurs, ne pratiquant pas elle-même, mais tout aussi tenace que vous-savez-qui pour obtenir ses articles.

Il faut quand même que l’on vous parle modestement de nos performances. Philippe a fait premier du brassard pour l’an 2000, et moi, deuxième. D’aucuns ont crié au complot !

Quant à nos enfants, Grégoire, 12 ans, continue l’escrime. Clarisse, 10 ans, a trahi. Après trois ans, elle a renoncé. Atteinte par le virus ajoulot du cheval, sa passion de toujours. Dans le village voisin de Damvant, il y a plus de chevaux que d’habitants. Son manège est à Chevenez, distant de sept kilomètres de la maison seulement, la bienheureuse. Et Eloïse, 7 ans, a un dédain profond pour notre sport.

En hiver, nous sommes parfois privés d’escrime à cause du temps ; neige et verglas nous obligent à renoncer. Ainsi va la vie dans notre Jura d’adoption !

Le mot de la fin reviendra à une dame de Réclère, qui en voyant des vieux masques chez nous, m’a demandé : « La Marianne, on dit escrime ou ice-cream ? »

 Cordiales salutations à vous tous, escrimeurs restés Genevois !

Fin de leçon.                                       Philippe

Avec Frédéric, le fils du Maître               La Marianne

Vue sur la fresque (en plus, il neige..)     Grégoire, Eloïse et Clarisse.

Maître Houguenade