H I S T O I R E

Texte de Charles Beausire

 

 

 

En cette période de vacances, nous prenons la liberté de vous présenter des sujets assez légers. Nos jeunes amis escrimeurs souhaiteraient sans doute des nouvelles de leurs héros familiers, Goldorack, Superman, la guerre des Etoiles ou Black and Mortimer. Hélas, parmi nos correspondants on ne trouve que des fanatiques de d’Artagnan, Cyrano ou Pardaillan.

 

  

 

Je vous invite quand même à lire l’article ci-dessous dont l’intérêt principal est qu’il émane d’un authentique descendant de Charles de Batz de Montesquiou de Castelmore, le héros de Dumas à qui nous devons une passion qui nous habite depuis plus de 50 ans.

  

SUR LES TRACES DE D’ARTAGNAN

 la compagnie des mousquetaires d’Armagnac

  

 

Fondée en 1951 par le Général Baston, la Compagnie des Mousquetaires d’Armagnac regroupe des personnalités attachées à des valeurs traditionnelles et désireuses de conserver certains principes, fidèles en cela à «l’Esprit Mousquetaire».  Regroupé autour de son Capitaine Aymeri de Montesquiou, descendant de l’illustre gascon, l’Etat-Major, composé d’une trentaine de membres, veille au maintien de cet esprit dans la Compagnie et organise des manifestations tant en Gascogne que dans le monde (Pays-Bas, Etats-Unis, Liban, Norvège, Japon, Sénégal...).

 Rencontre avec Aymeri de Montesquiou, Député-Maire de Marson et descendant de l’illustre d’Artagnan, Capitaine-Lieutenant de la Première Compagnie des Mousquetaires du Roi.

 - Escrime magazine; Votre ancêtre avait-il des points communs avec le héros de légende immortalisé par Dumas?

 Le héros créé par Dumas est une synthèse de plusieurs personnages, dont Charles de Batz, alias d’Artagnan. Sa mère était une Montesquiou et l’un de ses cousins germains, Pierre de Montesquiou, Comte d’Artagnan, fut Maréchal de France; Bonaparte s’est beaucoup inspiré de ses écrits, puisqu’il fut le premier à faire manæ uvrer l’infanterie. De plus, il a mis en place les premiers casernements alors que les militaires, auparavant, étaient un peu laissés en vrac, vivant sur l’habitant. Il y eut également un Montesquiou gouverneur de Saint-Domingue avant la révolution française: il a laissé un bon souvenir, car il était assez libéral et voulait mettre un terme à l’esclavage. Il dut émigrer au Texas au moment de la révolution et revint en France par la suite. Il y avait quatre branches Montesquiou dont une branche d’Artagnan, la seule qui survive aujourd’hui et dont je suis issu. D’Artagnan est un «nom de guerre» qui fut porté par treize mousquetaires. Les « Mémoires d’Artagnan » dont s’est inspiré Dumas, datent du XVIIIe siècle et sont l’œuvre de Courtilz de Sandras. Il eut été très difficile de caser toutes ces aventures dans une seule vie, mais les personnages de Dumas ont une part de réel. J’ai ainsi un ami qui descend de Porthos... Charles de Batz, alias d’Artagnan, est né vers 1620 au manoir de Castelmore. A dix-huit ans, il rejoignit les cadets des gardes françaises et fut admis, en 1645, dans la Compagnie des Mousquetaires à cheval sous le commandement de Monsieur de Tréville, dont je possède l’épée. Il se mit alors à la recherche d’une riche veuve pour s’offrir une garde-robe digne de son rang de Mousquetaire... Il eut une vraie puissance, puisqu’il fut garde du corps de Louis XIV, qui était parrain de ses deux fils. Lorsqu’il fut tué, au siège de Maastricht en 1673, Louis XIV aurait dit: «d’Artagnan et la gloire ont le même cercueil». Il est mort très pauvre et n’a laissé qu’une selle à chacun de ses fils.

 - D’Artagnan, dans l’imagerie populaire, incarne des valeurs comme la loyauté, l’honneur, le courage... Ces valeurs ne vous semblent-elles pas tombées en désuétude à l’aube du vingt-et-unième siècle?

 

C’est peut-être une des raisons d’être de la «Compagnie des Mousquetaires», qui revit aujourd’hui, dont je suis capitaine et qui regroupe plus de deux mille Mousquetaires de par le monde. On trouve parmi nous des hommes politiques, des acteurs, des personnalités de grande notoriété et, en même temps, des viticulteurs du Gers, des entrepreneurs, des artisans... Il ne s’agit pas du tout d’un groupe social et le point commun est l’amour du panache, le fait de servir. «L’Ame Mousquetaire» existe peu ou prou chez tous les gascons, puisque tous les Mousquetaires étaient recrutés en Gascogne.

 - Si d’Artagnan vivait de nos jours, quelle carrière aurait-il choisie? (la politique, l’armée, la finance...)

 La finance, je ne pense pas, car il n’était pas très bon gestionnaire. Sans doute l’armée ou la politique, à cause d’un certain esprit de conquête et du sens du service.

 - Parmi les dizaines de versions des «Trois Mousquetaires» au cinéma, laquelle a votre préférence?

 Il m’est impossible de faire un choix. Jean Marais fut un bon d’Artagnan. Il fit d’ailleurs partie de notre compagnie de Mousquetaires. J’ai moi-même pratiqué un peu l’escrime, mais j’ai surtout fait dix-sept ans de rugby avec deux titres de champion de France...

 Source: Escrime Magazine No 33

CB