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Alors que les vacances ne sont plus qu’un
souvenir un peu nostalgique il faut essayer de reprendre le collier en douceur,
comme un bon sportif à l’échauffement.
Faisons donc un retour sur quelques
informations de la plus haute importance qui vous ont forcément ou par la force
des choses échappé.
Pour les disciples de bacchus tout
d’abord une nouvelle déprimante:
Viticulture.
- on nous écrit du district de Rolle:
Il
n’y a aucune illusion à se faire: il y aura une toute petite
récolte.
A première vue, la vigne semble vigoureuse et
les
grappes en nombre respectable, seulement, elles
n’ont
plus ou presque plus de grains; en moins de quinze
jours,
les vers que l’on avait prévus nombreux à en juger
par
l’abondance des papillons, ont considérablement
diminué
la récolte et même, dans certains parchets, l’ont anéantie.
(GdL,
11.7.1901)
Oui,
vous avez bien lu la date du billet: 11 juillet 1901. Ouf, on l’a échappé
belle!
TEL
EST PRIS QUI... OU LES EXCES
DU STRETCHING
Pour
la première fois dans sa carrière, Berkine, un contorsionniste
de
21 ans qui s’entraîne depuis l’âge de 6 ans, a eu son pied droit
coincé
derrière son épaule gauche au cours d’un entraînement. Ses
collègues,
habitués à le voir se tordre dans des positions invraisemblables,
ont
cru à une plaisanterie jusqu’à ce qu’ils constatent qu’au bout de
plusieurs
minutes Berkine était toujours immobile. Appelé à la rescousse,
un
ostéopathe, a réussi à le délivrer.
(AFP)
On dit que de nos jours il n’y a plus
d’aventure; et pourtant!
Vous n’allez jamais en vacances en
Nouvelle-Guinée?
tant mieux pour vous!
AÏE
-Piranhas mangeurs de zizis
Il
y a un mois, et à quelques jours d’intervalle, deux
pêcheurs
papous de Nouvelle-Guinée, qui se soulageaient
dans
l’eau, sont morts d’hémorragie. Selon la police et les
scientifiques
qui ont reproduit l’expérience en laboratoire: par
l’urine
attirés, des poissons, probablement des piranhas, leur ont
sectionné
le pénis. (AFP)
Leçons
de savoir-vivre
Si je me permettais de vous donner de telles
leçons, mon rédenchef m’administrerait une mercuriale aussi sévère que méritée.
Je vous soumets néanmoins quelques extraits du «savoir-vivre aujourd’hui»
de C. Géricot, Payot, pour vous amuser et qui sait vous rafraîchir peut-être
la mémoire.
La plupart des règles de politesse semblent
aujourd’hui arbitraires. En fait, elles ont souvent une origine bien pesée.
Voici quelques usages de savoir-vivre liés à l’univers de la bouche. Suivis,
à chaque fois, du pourquoi de leur comment.
- On ne mange pas sa salade avec son
couteau. Parce que les lames de couteau étaient naguère fabriquées dans un
acier oxydable que le vinaigre faisait vilainement noircir. Pratique.
- On ne baise pas la main d’une femme
qui n’a pas retiré ses gants. Parce qu’enduire son gant de poison, et
l’offrir ensuite à baiser passait jadis pour une façon très aristocratique
d’empoisonner ses ennemis. Machiavélique.
- Pas de vin avec la salade. Parce
qu’une vinaigrette risque de tuer le goût du vin. Bachique.
- Pas de repose-couteaux sur la table
d’un repas grand genre. Parce que, dans ce genre d’occasion, le maître ou
la maîtresse de maison est censé changer les services à chaque plat. Logique!
- En France, quand on dresse la table,
on pose les couverts dos à l’air (par exemple, les fourchettes ont les dents
qui touchent la nappe, et les cuillers ont le côté bombé dessus). Parce que
ce qui compte, c’est que le chiffre de l’argenterie puisse être lu des
convives. En France, ce chiffre est gravé sur le côté bombé. Chez les
Anglo-Saxons où le chiffre est traditionnellement de l’autre côté, on pose
donc les couverts face creuse visible des convives. Ethnique.
- En Occident, au restaurant, c’est la
femme qui s’assoit face au reste de la salle, et pas l’homme. Parce que sous
nos cieux, l’homme est censé être fier de sa compagne. Il devrait donc la
mettre en valeur tout en s’effaçant. Politique.
Stéphane
Bonvin.
A
lire: «le savoir-vivre aujourd’hui», C. Géricot, Payot et le Temps.
? POURQUOI, COMMENT ?
Rose
pour les filles, bleu pour les garçons. Ou l’inverse
«Allô, je suis un de vos lecteurs.
J’imagine que vous allez expliquer pourquoi le rose est attribué aux filles,
et le bleu aux garçons. Je suis né en Belgique. Dans les années 30, c’était
le contraire: rose pour les garçons, bleu pour les filles. Voilà, au revoir et
merci». Bigre. Un coup de téléphone, et un monde de certitudes s’écroule.
Les filles ne naissent donc pas dans des roses (forcément roses)? Ecoutons
Elisabeth Fischer, historienne du costume à Genève. La tradition du rose et
bleu apparaît tard, vers 1930. A l’époque, le bleu va aussi aux filles (bleu
= Vierge Marie) et le rose aux garçons. Si le bleu passe définitivement dans
le camp masculin, c’est peut-être parce qu’à 10 ans, le garçonnet porte
traditionnellement des habits bleu foncé, inspirés des uniformes. Sans doute
cette convention du bleu/garçon et du rose/fille a-t-elle été généralisée
par l’industrie qui a besoin de standards de production.
Stéphane
Bonvin
Le
Temps, mercredi 11 juillet 2001
? Pourquoi, comment ?
ou de
l’importante influence de l’épée dans la vie
C’est une histoire
ancienne, si ancienne qu’elle en est asphaltée de récits apocryphes.
Certains affirment que les Romains conduisaient leurs chars à «senestre» (à
gauche donc). Les preuves sont minces. Un exemple? Des rainures sur une route
qui sort d’une carrière romaine près de Swindon en Angleterre - sont plus
profondes à gauche (chars chargés en partance) qu’à droite (chars non chargés
qui arrivaient à l’exploitation). D’autres estiment qu’il devait être
plus facile de manier le fouet du côté le plus dégagé de la chaussée, donc
en roulant à gauche, les conducteurs étant comme tout le monde, en large
majorité droitiers.
A propos de droitiers, les cavaliers ont pris l’habitude de se croiser par la gauche, tant il est plus facile de se défendre en croisant de ce côté-là avec l’arme en main droite. Comme le fourreau de l’épée, ou du sabre, repose à la gauche du corps, il est aussi plus facile de se mettre en selle par le flanc gauche du cheval. Le côté gauche de la route est de même le moins exposé aux passages et à la circulation. Les Anglais ont étendu ce sens de circulation aux voitures hippomobiles, puis aux automobiles (et aux trains), jusqu’au jour d’aujourd’hui, en Grande-Bretagne comme dans les ex-colonies ou ex-sphères d’influence, le Japon en sus. Ce qui au total fournit un potentiel de deux milliards de personnes susceptibles de rouler à gauche.
L’île de
Sainte-Hélène (on y roule à gauche) nous fournit une transition - pesante
comme les canons de Waterloo - pour évoquer Napoléon, qui a imposé la
circulation à droite sur ses terres de conquête, usage qui s’est depuis lors
répandu dans la plupart des pays de la planète. Il paraît qu’avant lui dans
les batailles, les attaques se déclenchaient d’abord avec la gauche de
l’armée. Pour désorienter ses adversaires, l’empereur aurait inversé le
sens des attaques, puis généralisé le même sens jusqu’à inscrire la
circulation à droite dans le Code Napoléon. Cette décision était bien sûr
aussi politique, car antibritannique. De plus, et enfin, elle perpétuait une
habitude prise sous la Révolution française, qui considérait la conduite à
gauche des cavaliers (donc des nantis) comme «chrétienne et royaliste».
Voilà l’état
de la circulation en n’oubliant pas, merci inforoute, que les à-côtés de
cette vieille histoire ne sont pas balisés.
Luc
Debraine
Le
Temps, vendredi 13 juillet 2001