EDITORIAL

 

Les Copains d’Abord

 

Il était une fois, dans notre bonne salle, un quarteron de braves amis qui avaient grisonné ou même blanchi ensemble sous la houlette de divers maîtres d’armes. Leur passion commune de l’escrime, ainsi qu’un petit côté épicurien, avec tout ce que cette épithète comprend de philosophique, les conduisait à prolonger les assauts par un moment passé à discourir et à déguster quelque jus de la treille.

 En gens de bonne compagnie, ils devisaient de plus en plus doctement de l’art de l’escrime, en évoquant aussi bien l’histoire que la technique, les joies que les difficultés de notre art. C’est alors que notre ami Bruno, regrettant que des propos aussi essentiels se perdent bêtement, décida qu’autant de savoir distillé avec autant de bonne humeur méritait d’être imprimé. Vous connaissez l’énergie, l’enthousiasme communicatif et l’esprit de décision du bonhomme. En quelques minutes, il nous avait exposé son projet, et avait arraché à chacun la promesse d’un article. Le Bulletin de la Société d’Escrime de Genève était né.

 Regardez-le bien, notre cher canard, ce n’est pas un brillant magazine où le poids du papier glacé se substitue à celui des mots. Il vous apporte, en toute simplicité une moisson d’informations et d’idées que ses rédacteurs ont envie de partager. Croyez-le, amener des gens d’horizons fort différents à se mettre ensemble pour créer un journal, lui faire prendre de l’ampleur et de l’épaisseur, lui conserver, trimestre après trimestre, son esprit (frondeur parfois) et sa qualité, ce n’est pas une mince affaire. Quel est donc le secret de l’Epée d’Argent ? Comment ce canard a-t-il pu franchir avec autant d’aisance son premier lustre ? S’il a cinq ans aujourd’hui et cette insolente santé, c’est parce qu’il reste fidèle à l’esprit qui l’a vu naître, celui de l’amitié. Comme le bateau de George Brassens, ce journal est fait, sans se prendre trop au sérieux, par et pour les copains d’abord.

  

M B