CHRONIQUE DU XIXe SIÈCLE

 
                                                                                               

 

Qui était Me Rollet

 

Nous avons lu les aventures que Me J. Rollet a eues au sein de la Société d’Escrime de Genève entre 1888 et 1901 alors qu’il était le maître d’armes officiel de la Société.

 

Mais Me Rollet avant et après cette période dirigeait une salle d’armes car il fut l’un des maîtres connus et respectés de Genève à cette époque.

 

L’ « Union Sportive » journal édité à Genève vers la fin du 19e siècle traitait particulièrement des manifestations sportives et notamment des questions d’escrime.

 

Me Rollet profitait de cet organe pour faire sa publicité personnelle ainsi conçue :

 

 

 

 


 

 

Les 10 octobre 1893 et 16 novembre 1897, le journal publia une biographie, l’une anonyme et l’autre sous le nom de Jules Monod (mais ce doit être le même) de Me Rollet qui, né en 1857, se fit remarquer comme tireur à Genève dès 1882, par sa grâce et son élégance. En voici un condensé.

 

De taille moyenne, fortement musclé et découplé, châtain, le front élevé, Rollet a une amabilité d’accueil, une cordialité de manières, qui forment avec son air énergique et décidé, le plus heureux des contrastes. Sa bonhomie apparente, qui n’est que la forme aimable d’une exquise urbanité, n’exclut pas une fermeté et une ténacité professionnelle inébranlable ; c’est le type absolu et tant recherché de la main de fer gantée de velours (qu’en termes euphémiques ces choses-là sont dites).

 

A quatorze ans il faisait déjà des armes, jusqu’à l’époque où il fut incorporé au 15e régiment de chasseurs à cheval. Après une année de salle d’armes, il obtint le brevet de prévôt. Il sortit premier au concours du 7e corps d’armée, en 1879, ce qui lui valut l’honneur d’être envoyé à l’école militaire de Joinville-le-Pont, près de Paris, qui est le Saint-Cyr du fleuret. C’est là, en effet, que se forment tous les maîtres d’armes français. Sous l’habile direction des professeurs Roubeau, Hottelet, Boulanger, Breton, etc. il passa maître-adjoint en 1881 et vint à Genève en 1882 malgré les propositions avantageuses qu’on lui fit pour l’engager à rester à Joinville.

 

Depuis cette époque nous voyons le jeune maître se distinguer dans tous les assauts par son élégante correction et la régularité imperturbable de sa méthode si finement classique. Merveilleux dans ses parades serrées et ses ripostes magnifiques.

 

En 1889, après le concours international d’escrime, il fut reçu membre de l’Académie d’Armes de Paris. Les palmes vertes sur son plastron  en attestent.

 

Les nombreux assauts organisés par l’infatigable professeur de la Société d’Escrime, qu’il dirige avec tant d’habileté, ont réuni tout ce que Genève compte de fines lames, et la presse a maintes fois constaté le très grand et très mérité succès qu’ils ont obtenu, il n’y a pas longtemps encore qu’un journal de notre ville mettait en évidence trois des principaux élèves du professeur, qui venaient de remporter victorieusement, à la pointe de leur épée, une coupe d’honneur disputée par toutes les sociétés suisses.

Text Box: Me J. Rollet vers 1882


 

Text Box: Me Rollet (photo de presse)

Aucun tireur en renom ne vient à Genève, sans visiter et tirer à la Société, soit avec le professeur, soit avec la phalange des tireurs qui fréquentent la salle. Nous y avons vu successivement le célèbre Pini, le capitaine Coste, Chevillard, Mérignac et tous les meilleurs maîtres d’armes de la garnison de Lyon.

 

Rollet s’est également prodigé dans toutes les séances d’escrime soit au Kursaal et à l’Hôtel de la Métropole, soit à la Chaux-de-Fonds, à Neuchâtel, à Lausanne, à Berne où il s’est mesuré avec nos premiers professeurs suisses, MM. Ramuz, Guibal, Berth, Lardy Ducommun, et les amateurs les plus réputés, affirmant toujours et partout sa brillante supériorité.

 

L’année dernière (1896), M. Rollet, recevait une invitation pour tirer à Paris, au Cercle des Agriculteurs de France, avec le président de l’Escrime française, M. Chevillard, et les journaux nous ont annoncé que, pendant son court séjour à Paris, il croisa le fer avec les professeurs Rue, Mérignac, Large, Vavasseur, Merlin, etc. Il s’est distingué dans tous ces assauts, selon son habitude, son jeu est facile et aisé et ne laisse jamais deviner l’effort ; dans toutes les passes d’armes où il figure, les dilettanti sont d’accord pour l’applaudir et l’admirer.

 

Citer les élèves de Rollet nous obligerait de mentionner tous les tireurs genevois qu’il a formés ; une séance de la Société d’Escrime en dira plus que les louanges multiples, que notre impartialité se verrait forcée de distribuer aux élèves, avec une prodigalité qui serait certainement au-dessous des mérites du professeur.

 

Texte relevé et arrangé

par P. B.

 

 

 

 

 

 

 

 

Me J. Rollet

(tableau de la salle

d’armes actuelle)