Avec la Croix-Rouge jeunesse genevoise

en Bulgarie

 

Après un voyage de deux jours et 1800 km, nous sommes arrivés à Kjustendil (petite ville à l’Ouest de la Bulgarie). Nous étions dix jeunes à partir et nous avions un double projet : la moitié du groupe allait rester en ville (j’en faisais partie), pour s’occuper d’enfants habitant deux établissements, un internat (huit à dix-huit ans) et un orphelinat (zéro à sept ans). Nous devions occuper les plus petits et rénover l’école des plus grands. L’autre partie de notre équipe partait pour la Mer Noire avec de grands enfants entre quatre et sept ans.

 

Les enfants de l’internat avaient des parents, mais ils ne vivaient avec eux que pendant les vacances. Le reste de l’année, ils le passaient dans cet internat dont l’état des dortoirs était à déplorer autant que celui de l’école. Ils avaient été envoyés là-bas, car ils s’étaient fait arrêter par la police, alors qu’ils étaient dans la rue en train de mendier, leur faute étant aggravée parce qu’ils étaient gitans. Tous les enfants étaient vraiment formidables. Le courant a immédiatement passé avec chacun d’eux. Cependant, la première fois que nous avons vu les petits, ils étaient figés dans une sorte de torpeur. Ils se balançaient d’avant en arrière, assis sur des chaises, comme hypnotisés devant la télé. Cet état est dû à un manque de stimulation affective et intellectuelle.

 

La première semaine, nous étions tous ensemble aidés par des volontaires bulgares, incroyablement sympathiques et ouverts, et nous décidions tous les jours comment la journée se déroulerait et qui irait dans quel établissement.

 

Avec les enfants de l’orphelinat, nous avons fait des colliers de perles, des dessins, de la peinture, des jeux et des promenades. Ils adoraient ça et c’était toujours un immense plaisir de les voir. Mais certains enfants, les mêmes à chaque fois, étaient privés d’activités, car trop petits ou pas assez habiles (cela concernait surtout les enfants handicapés). Malheureusement, ces enfants étaient perpétuellement seuls et inactifs. Avec les enfants de l’internat, nous n’avions pas vraiment de programme, du fait qu’ils étaient ‘grands’ et qu’ils n’aimaient pas tout ce qu’on leur proposait. A part le matin où nous lavions et rénovions l’école, ils n’y avait pas vraiment d’activités précises. Nous passions généralement nos journées à  nous essouffler derrière des ballons et de temps en temps l’envie de peindre leur venait. Cependant, avec ce groupe, nous avions prévu à quelques reprises durant les trois semaines, de les emmener faire des petites expéditions. Nous sommes allés faire du pédalo, avons regardé un film et sommes allés visiter un monastère. Ce périple fut le moins réussi de tous, car à peine quelques minutes après avoir pénétré dans l’église, nous nous sommes fait expulser sans aucune raison, si ce n’est que les enfants étaient gitans. Nous étions vraiment dégoûtés et la réaction fut vive de toutes parts.

 

Lorsque l’autre partie du groupe s’en alla pour la Mer Noire, les enfants qui avaient la chance d’être du voyage, étaient d’une agitation indescriptible. Ils étaient partagés entre la joie et l’appréhension du fait qu’ils n’avaient jamais quitté Kjustendil. Ce fut vraiment un moment émouvant.

 

Puis la fin du séjour est arrivée et j’ai eu l’impression que jamais trois semaines n’avaient passé aussi vite que celles-là. De retour à Genève – couverte de puces et après un voyage brusquement modifié en raison d’une confusion entre essence et diesel – je me sens incroyablement enrichie par toutes les personnes que j’ai eu la chance de découvrir.

 

L C